Juillet 15, 2021

Arachides et mariages heureux - Quel est le lien ?

Soja et oléagineux

Niger

À Dosso, environ 300 Km de Niamey, l’activité principale de la coopérative des femmes de Guidan Gaba tourne autour de la production et la transformation de l’arachide. Le groupement exploite environ 122 hectares dédiés uniquement à la production d’arachide. La culture d’arachide dans ces localités est très classique, et transmise de génération en génération. Les pratiques culturales ont très peu évolué. Cependant, avec l’accompagnement de Aïnoma et 2SCALE, les habitudes commencent à changer, et cela est visible sur les rendements. En fonction de la saison hivernale, les récoltes qui étaient de 608 Kg par hectare peuvent atteindre aujourd'hui 715kg à 813 kg par hectare.

Pour les femmes de la coopérative, l’arachide représente beaucoup de choses.

Salamatou Alou, la quinquagénaire, est une agricultrice expérimentée dans la production d’arachide. Depuis plus de 30 ans, elle cultive de l’arachide sur une parcelle qu’elle a hérité de ses parents. Ce matin, nous la retrouvons dans son champ, accompagnée de certains membres de la coopérative Guidan Gaba. C’est le jour du semis de sa parcelle. La veille, il y a eu de la pluie. Même si le sol n’est pas complètement humide, l’hivernage est déjà annoncé dans ces localités.

Qu’est-ce qui lie la vieille Salamatou à l’arachide ?

Mère de six filles, Salamatou se glorifie de son apport dans le mariage de ses filles. Traditionnellement, dans cette partie du Niger comme dans d’autres, c’est la mère qui finance le trousseau de mariage de sa fille. En avoir jusqu’à six est aussi bien synonyme de bonheur que de dépenses pour une maman.

Ma grande fierté est d’avoir pu constituer les trousseaux de mariage de toutes mes filles grâce à l’arachide. En effet dans notre culture, c’est la femme qui fournit les meubles de sa chambre à son mariage.

Si cette grande fierté de Salamatou réside dans la culture de l’arachide, c’est en partie due à l’existence d’un marché garanti que représente notre championne Aïnoma.

AINOMA fournit de la semence améliorée aux producteurs.trices et achète leur production à la récolte. Un marché stable et bénéfique pour ces femmes qui envisagent même d’augmenter leur surface cultivable. Salamatou ajoute :

Avant, on achetait toute sorte de semences. En plus des intrants et semences améliorées de Aïnoma, nous avons bénéficié ces derniers temps de beaucoup de formations sur les techniques de préparation du sol, la production, la récolte ainsi la gestion post-récolte. Nous sommes aujourd’hui plus fières et motivées avec l’arrivée de Aïnoma et 2SCALE, car nous voyons l’augmentation de nos rendements et de nos revenus. Nous sommes présentement en train de chercher plus de terres pour accroître la production, car Aïnoma est disposé à nous fournir les semences améliorées.

L’arachide dans l’alimentation locale

Tout comme la production, les femmes de Guidan Gaba transforment également l’arachide. Les techniques de transformation sont transmises de mère à fille. Pratiquement toutes les femmes de la contrée savent transformer l’arachide en pâte, huile et tourteau.

Réunies sous un hangar, Mme Dijé Ibrahim, Présidente de la coopérative et quelques femmes, préparent du Kulikuli , le tourteau d’arachide très apprécié par la population nigérienne. Le processus est entièrement manuel. Dans la pratique, l’huile est aussi obtenu au cours de cette activité. Les différents produits à base d’arachide sont indispensables dans l’alimentation quotidienne des ménages. La présidente explique :

Aujourd’hui, rien ne peut se consommer sans l’huile, car elle fait partie intégrante de toutes les préparations. Le tourteau d’arachide aussi, appelé en langue locale KuliKuli, est utilisé comme ingrédient pour assaisonner les plats. La pâte d’arachide est utilisée pour préparer les sauces, mais aussi consommer avec les feuilles de moringa et du gari. Donc tous les trois comptent dans l’alimentation locale.

Qu’il s’agisse de la pâte, de l’huile ou du tourteau, tout ceux-ci sont disponibles et à la portée de tous y compris les consommateurs à faible revenu. Avec 100 FCFA (soit $0,18), on la quantité suffisante d’huile pour préparer un repas. Quand au tourteau, 2 sont vendus à 5 FCFA.

Au-delà de l’aspect nutritif, les activités de production et de transformation permettent aux femmes de non seulement générer des revenus qui leur permettent de couvrir leurs besoins, mais aussi de rêver grand. La présidente dit pour conclure:

Toutes les réalisations que nous arrivons à faire pour nous-mêmes et pour nos familles, c’est grâce à cette activité. N’eut été le manque de matériels nécessaires pour transformer de grandes quantités d’arachides, je serais déjà partie à la Mecque. D’ailleurs c’est ce qui est mon plus grand rêve aujourd’hui.

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