Octobre 20, 2022

Habrobracon hebetor : la solution biologique pour la protection des cultures de mil au Niger

Cultures de base

Niger

Le mil est la culture de base et la principale source d'énergie alimentaire des populations sahéliennes. C'est l'une des rares céréales les plus rustiques et les mieux adaptées aux conditions climatiques sévères qui prévalent au Sahel.

Au Niger, notre partenariat sur le mil avec la Fédération des Unions des Groupements Paysans du Niger (FUGPN-Mooriben) vise à redynamiser la filière et permettre aux petits producteurs de produire du mil de haute qualité nutritionnelle à travers la vulgarisation de la variété Chakti. Au-delà, une autre ambition non moins importante de ce partenariat est de fournir du mil bio-fortifiée pour la consommation domestique des ménages ruraux et pour la transformation par les femmes. Cependant, la production du mil est confrontée à des difficultés liées notamment aux conditions naturelles et aux ennemies des récoltes dont la chenille mineuse du mil. Ce ravageur tant redouté au Niger s’attaque au mil quand les producteurs espèrent une bonne récolte. Pour faire face à ce fléau, le partenariat a introduit une innovation développée par des centres de recherche parmi lesquels on peut citer l’Institut national de la recherche agronomique du Niger (INRAN), CERRA de Maradi ou encore l’ICRISAT.

Appelée Wangaro en langue zarma qui signifie ‘’le guerrier’’, l’habrobracon, une petite guêpe parasitoïde d’environ 4 mm de la famille des Braconidae, est utilisée dans la lutte contre plusieurs espèces de lépidoptères dont la chenille mineuse du mil. Il s’agit d’une solution biologique présentée comme l'une des meilleures solutions dans la lutte contre la chenille mineuse.

Renforcer les compétences des producteurs dans l’élevage des guêpes

Pour faciliter l'adoption massive de cette technologie par les producteurs de mil, plusieurs organisations de producteurs (OP) du partenariat ont été formées aux techniques d'élevage de ces guêpes. Aujourd’hui, grâce à ces formations, l’élevage de l’antidote d’un des plus redoutables ennemis du mil est très développé dans les principaux bassins de production de mil au Niger. La technique, bien que nouvelle, est simple à appliquer. Elle consiste à mettre dans une boîte environ 25 vers de terre corsilés et 3 femelles habrobracon. Ces dernières vont d'abord piquer les corsilats et y pondent des œufs qui se transforment en habrobracon au bout de 3 jours.

Grâce à la formation des OP, l’accès à la technologie est devenu plus facile aux producteurs. Les producteurs de l’Union Hareybane du village de Téra, membre de la Fédération Mooriben en sont une parfaite illustration. En plus d’élever les guêpes pour protéger leurs propres productions, ils en vendent aussi à d’autres producteurs des villages environnants.

L'élevage des habrobracons nous permet non seulement de protéger notre production, mais il est également devenu une activité génératrice de revenus pour de nombreux jeunes. Par conséquent, il nous permet de protéger nos champs, de gagner des revenus et de créer des emplois,

a déclaré M. Boukari Harouna, le président de l'Union.

Le lâcher d'habrobracon dans les champs de mil

Après l'élevage, les guêpes sont placées dans des petits sacs d'environ 20 cm. Ces sacs contiennent des petits trous et sont vendus à 2000 FCFA (3$) l'unité, et seront accrochés sur les quatre côtés du champ de mil. Ainsi, les guêpes s'échappent de ces petits trous et parcourent le champ à la recherche des chenilles mineuses. Les larves des guêpes se nourrissent directement des chenilles, ce qui les éradique.
Pour un champ d'un hectare, le producteur utilise en moyenne un sac. Cependant, pour permettre une large couverture, il peut utiliser jusqu'à 4 sacs placés dans différents coins du champ.

Perspectives de vulgarisation d’Habrobracon dans les partenariats 2SCALE

Chez 2SCALE, la vulgarisation des nouvelles technologies rentre dans le cadre de l’amélioration de la productivité des producteurs. A cet effet, le programme ne lésine pas sur les moyens pour exporter et diffuser les technologies éprouvées au sein de ces partenariats. Pour déterminer l’adéquation de leur utilisation au niveau local, ces technologies sont introduites par le biais d’un pilote. En ce qui concerne l’habrobracon, le programme envisage, dans un avenir proche, de l’introduire dans d’autres partenariats de ses différents pays d’intervention, tout en impliquant les jeunes dans la production de masse et la diffusion de cette technologie.

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