Une semaine durant, nous avons eu à visiter des coopératives paysannes – comme Royal Fora Holland, Rabobank et Royal FrieslandCampina et des institutions mises en place pour promouvoir l’intérêt des coopératives et des agriculteurs comme le conseil national des coopératives et l’Association des Producteurs Néerlandais (LTO). Ces organisations ont été particulièrement choisies parce qu’elles sont un excellent exemple de la croissance historique des coopératives aux Pays-Bas, qui ont commencé dans les villages et ont augmenté leurs capacités à acquérir une pertinence internationale. Nous avons également visité des entreprises qui sont intéressées à s'aventurer en Ethiopie.
L’expérience des Pays-Bas nous a donnée des leçons clés qui, à mon avis, auront certainement un impact sur la façon dont 2SCALE soutient les unions coopératives en Éthiopie.
Avoir des conseillers professionnels dans le conseil d’administration
Depuis la création du mouvement coopératif des agriculteurs en Éthiopie, toutes les coopératives étaient régies par des conseils composés uniquement d'agriculteurs. Cela, pendant une longue période, a restreint les perspectives de croissance des coopératives, mais c'est une situation qui aurait pu être corrigée si la plupart des membres du conseil avaient des connaissances en développement des affaires. Par conséquent, et dans la plupart des réunions du conseil d'administration que j'ai observées, les ordres du jour sont davantage axés sur les gains rapides plutôt que sur le développement des affaires à long terme. Ces coopératives ont besoin de membres du conseil d'administration qui peuvent mieux comprendre les tendances commerciales, prédire la croissance future et disposer de toutes les informations au niveau de l'industrie afin de pouvoir déterminer les futures orientations stratégiques.
Lors de notre visite aux Pays-Bas, la délégation était surprise d'apprendre que toutes les coopératives ont un non-membre / non-agriculteur / assis dans leur conseil d'administration avec un droit de vote égal à celui du membre. Ces agriculteurs non membres sont élus pour fournir des conseils stratégiques dans les différents aspects (gestion financière, développement des affaires, logistique, développement des ressources humaines de la coopérative) et ils sont payés pour fournir les services aux coopératives.
Il devient plus que essentiel de lancer ce mouvement en Éthiopie, car le niveau d'efficacité des organisations coopératives engagées dans un processus à grande échelle peut facilement être amélioré par des orientations plus axées sur les entreprises et une expérience de la gestion des activités commerciales complexes tant par les membres du conseil d'administration que par les membres de l'union. Avoir des experts stratégiques au sein des conseils d'administration améliorerait la compétitivité des coopératives.
Créer des économies d'échelle grâce aux fusions
Selon le dernier rapport de l'Agence fédérale des coopératives éthiopiennes, le pays compte 85 000 coopératives de base et 388 unions coopératives. Cependant, l'échelle des opérations et les niveaux d'efficacité restent faibles. Si l'on considère les quelques coopératives (seulement 2 500 coopératives) aux Pays-Bas et leur part dans l'économie, il est important de noter que ce n'est pas le nombre de coopératives qui importe mais leur efficacité et leur part de marché.
Un des enseignements essentiels de la visite à cet égard, pour un pays comme l'Éthiopie, est la fusion progressive de plusieurs petites coopératives dans les villages en une coopérative plus grande et plus efficace. Nous avons appris que les grandes coopératives comme Rabobank et FrieslandCampina étaient le résultat d'une série de fusions de petites coopératives. L'un des facteurs perspicaces pour promouvoir les fusions de coopératives est de s'assurer que l'adhésion à des coopératives n'est pas liée à la localisation ou à la présence géographique. Comprendre cela est d'une grande importance pour l'Éthiopie, car le gouvernement a clairement indiqué que l'accent ne sera plus mis sur la création de nouvelles coopératives, mais sur le renforcement des capacités et aussi sur la création de conditions permettant la fusion des coopératives et des unions afin de générer de bonnes économies d'échelle.
Séparer la transaction économique directe des actions de plaidoyer
Aux Pays-Bas, les coopératives se concentrent uniquement sur les activités de marketing direct qui peuvent accroître la part de leurs agriculteurs membres du prix final du produit. Il existe un niveau de spécialisation très élevé dans ce domaine. Comme les coopératives ont décidé de se concentrer uniquement sur la commercialisation, elles sont également prêtes à payer en même temps une association et un conseil qui peuvent faire progresser les agriculteurs à chaque niveau, y compris au niveau des décideurs. Cela a donné un fort pouvoir de négociation aux coopératives et aux agriculteurs pour pousser leur intérêt, en particulier au niveau des décideurs politiques.
En regardant l'expérience en Éthiopie, les unions coopératives essaient de jouer à la fois des activités économiques et des rôles de plaidoyer, mais leur influence reste minime car elles sont trop désintégrées et ne sont pas spécialisées dans le travail de plaidoyer. L'accent était davantage mis sur les activités économiques en partant de l'hypothèse que l'agence des coopératives établie par le gouvernement se chargera du plaidoyer. Cependant, je crois qu'il est maintenant grand temps de penser à des entités appartenant aux agriculteurs, et visant à promouvoir leurs intérêts et faire pression sur les décideurs politiques à tous les niveaux.
Adaptation au programme 2SCALE
Il est facile de s'inspirer de ce que nous avons appris de la visite, mais l'objectif principal est de trouver un moyen de transférer ces connaissances aux partenaires de 2SCALE. Nous avons eu une série de discussions après la visite pour choisir l'a leçon la plus critique qui puisse avoir un effet transformateur sur le paysage coopératif en Éthiopie. En conséquence, nous avons partagé les leçons (entre autres) avec les membres du conseil d'administration de Tsehay Union concernant la possibilité d'avoir un conseiller professionnel en affaires comme membre du conseil d'administration.
Le conseil d'administration a rapidement accepté l'idée avec un léger ajustement car la loi actuelle sur les coopératives ne permet pas aux non-agriculteurs d'être membres du conseil d'administration des coopératives agricoles. Ainsi, 2SCALE fournit une assistance technique à l'Union sur la façon dont ce conseiller auprès du conseil d'administration sera mis en place d'une manière financièrement viable. Toutes les agences fédérales et régionales respectives y prêtent une plus grande attention car elles souhaitent intensifier les pratiques si ce projet pilote avec l'Union Coopérative Tsehay réussit.