Septembre 14, 2021

Le lait frais et le paludisme au Mali : Quel rapport ?

Production animale

Mali

Au Mali, pendant la saison pluvieuse, les cas de personnes atteintes de paludisme augmentent de façon fulgurante. Scientifiquement, c’est le moustique qui donne le paludisme. Mais selon une croyance locale, d’autres produits frais de consommation tels que les œufs et le lait frais favoriseraient aussi la propagation du paludisme. Ce mythe constitue un grand défi pour les producteurs et revendeurs de lait qui vivent de cette activité. Quant à l’union des femmes transformatrices et revendeuses de lait de Bamako, membre de notre partenariat Translait au Mali, c’est une croyance superstitieuse qui affecte leur vente.

Sensibiliser pour changer la perception

Dans l’optique de faire comprendre aux populations les vertus du lait frais, faire sa promotion et briser ce tabou qui affecte les revendeuses, Translait et 2SCALE ont organisé une vaste campagne de sensibilisation dans les six communes du district de Bamako, afin de d’informer les populations sur la consommation du lait frais local en toute saison, y compris la saison des pluies.

Devant un public conquis, la présidente d’honneur de Translait, Mme Lala Niangadou, fait un témoignage pour briser le tabou sur la consommation du lait frais en saison pluvieuse.

Le lait local que nous vendons est de très bonne qualité. J’étais personnellement étonnée d’apprendre que le lait frais donne du paludisme pendant l’hivernage. Je suis originaire de Nioro du Sahel. Nous sommes habitués à consommer le lait frais en toute saison et à tout moment de la journée. Même quand les enfants tombent malades, c’est le lait qu’on les donnent comme médicament.

L’impact sur les ventes

L’intervalle des mois de juin et septembre est une période où il pleut beaucoup au Mali. C’est donc un moment idéal pour sensibiliser les consommateurs réticents. Mme Dico Thiam, secrétaire aux relations extérieures de Translait explique :

Nous avons jugé nécessaire d’organiser la campagne en cette période car c’est le moment où on a plus de lait. Les vaches produisent beaucoup de lait en saison hivernale. Cependant, c’est en cette période que beaucoup de gens se réservent de consommer le lait, car disent-ils que ça provoque le paludisme. Nous avons tenu à rassurer la population qu’il n’y a aucun lien entre le paludisme et lait. Pour nous, cette désinformation impacte négativement notre vente.

En plus de rassurer les populations sur la qualité du lait local promu par Translait, les organisateurs ont aussi saisi l’occasion pour orienter les consommateurs vers les kiosques et boutiques de proximités qui sont aujourd’hui accessibles dans toutes les communes de la ville de Bamako. Entre doute et réticence, les personnes présentes à la cérémonie ont été convaincues par les arguments des différents acteurs qui ont souligné tous les intérêts que représente la consommation de lait local. Mme Mariam Kané, une participante, témoigne :

Je suis très heureuse de l'organisation de l'événement d'aujourd'hui, car il nous a permis de savoir que le lait ne provoque pas la paludisme. De plus, nous avons compris que le lait vendu dans les kiosques Translait est de bonne qualité. Cela nous motive donc encore davantage à consommer du lait local.

L'un des objectifs de Translait est de rendre le lait local accessible à tous. Cependant, la consommation de yaourts ou d'autres produits à base de lait reste encore limitée à un segment spécifique de la population. Pour certains, le coût du lait en général est hors de la portée des consommateurs à faible revenu. Lors de cette campagne de sensibilisation, les acteurs ont évoqué certaines difficultés qui freinent le développement de la production locale. L'une des principales difficultés est la forte concurrence de la poudre de lait importée. Selon M. Mallé, le président du syndicat, le défi est de taille :

Au Mali, le lait en poudre est moins cher que le lait frais local. Cela affecte la production et la distribution du lait local. Pour valoriser et promouvoir la consommation du lait local, les acteurs se mobilisent pour relever le défi de l'importation de lait en poudre.

D'autres mesures complémentaires sont envisagées par les femmes de Translait, dans le cadre du partenariat 2SCALE, pour accroître la sensibilisation. Il s'agit notamment de la production de sketches pour la radio et la télévision, ainsi que d'autres moyens de communication.

Avec une capacité actuelle de lait transformé et vendu d'environ 5000 litres par an, le syndicat, en partenariat avec 2SCALE, a pour objectif d'augmenter sa capacité à 10 000 litres d'ici 2023.

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