Au Mali, le partenariat Translait de 2SCALE a pour ambition de faciliter l’accès au lait frais local et à ses produits dérivés aux populations durant toutes les saisons de l’année, soit 10 000 litres de lait par jour, augmentant ainsi les revenus des producteurs laitiers. Mais la production du lait demeure encore confrontée à d’énormes difficultés parmi lesquelles le problème d’accès à la race animalière à grande production de lait, la mauvaise organisation des unités de production et surtout les difficultés d’accès à l’aliment bétail. De plus, la crise cotonnière de 2019-2020 a eu un impact considérable sur le prix de l’aliment bétail au Mali. En effet, face à des contraintes budgétaires, l’Etat du Mali avait refusé de subventionner l’engrais pour le secteur coton pour un départ avant de l’accepter un peu plus tard. En conséquence, beaucoup de producteurs de coton avait refusé à leur tour de cultiver le coton, ce qui a engendré une chute de la production nationale du coton et du maïs, la culture de ces deux spéculation étant liée à l’accès à l’engrais minéral. Cette chute a résulté à une grande baisse au niveau de la production de l’aliment bétail. En outre, les exploitations laitières au Mali sont en majorité extensives. La plus part des producteurs se contentent plutôt du nombre de têtes dans leur ferme que de la rentabilité. C’est uniquement au niveau de certaines fermes où il y’a quelques races améliorées qui peuvent donner jusqu’à 10 litres de lait par jour. Autrement, la production moyenne de lait obtenue à la traite se situe entre 3 et 5 litres par vache par jour. Cependant, l’amélioration de la quantité et la qualité du lait local dépend fortement de l’alimentation du bétail.
Promouvoir la culture fourragère pour une production laitière élevée tout au long de l'année
Vers des solutions durables
En générale, entre le mois de mars et juin, le foin devient plus rare au Mali. Cette intervalle constitue une période de soudure pour les éleveurs qui se voient obliger d’acheter l’aliment bétail à un prix excessivement élevé. C’est aussi en cette période que la crise laitière se fait sentir le plus sur le marché. Seul les producteurs laitiers qui ont une exploitation bien structurée parviennent à produire du lait.
Pour faire face aux difficultés sus mentionnées, 2SCALE, dans le cadre du partenariat Translait, a introduit certaines variétés de semences améliorées de fourrage dans les principales exploitations laitières situées dans les périphéries de Bamako, et qui constituent les potentiels sites d’approvisionnement des centres de collecte de lait.
L’herbe d’éléphant, le mucuna, le maïs et le sorgho fourrager sont les premières semences vulgarisées. Cette initiative du partenariat vise à montrer l’avantage de ces cultures aux producteurs laitiers afin qu’ils les intègrent dans leurs pratiques courantes. C’est pourquoi, quelques producteurs ont été sélectionnés pour conduire les champs de démonstration.
Dans le village de Falani, Agadjou Dama produit uniquement du fourrage destiné à l’alimentation de son troupeau. Dans son champ de 10 hectares, il a installé un système d’irrigation moderne par aspersion tout autour du champ afin d’assurer la disponibilité continue de l’herbe pour ses 50 têtes de vaches laitières. Ici, la traite est effectuée deux fois par jour avec une quantité de 5 à 7 litres de lait par traite par vache – une aubaine pour ce producteur modèle. Dans ce champ, 2SCALE a offert les semences pour une parcelle de démonstration du sorgho fourrager. La particularité de cette variété réside dans la forte quantité de fourrage que peux donner une tige, avec un rendement qui avoisine 8 à 13 tonnes à l’hectare.
A environ 40 km de là, Facourou KEITA, un autre producteur pionnier ayant bénéficié des semences fourragères, nous a reçu dans son champ à Korokoro, un petit village situé sur la route de Ségou. Après la première année de démonstration qui a porté sur 0,5 ha, il a eu à produire la même variété sur quatre hectares supplémentaires de sorgho et un hectare de haricot fourrager. Selon lui, l’impact de la culture fourragère pour les producteurs laitiers est incommensurable.
Cultiver le fourrage est plus rentable et facile pour nous, car beaucoup d’éleveurs n’ont pas les moyens d’acheter de l’aliment bétail sur le marché et nourrir convenablement leurs animaux. Quel que soit la période de l’année, nous avons toujours de l’aliment à notre disposition.
La conservation du fourrage : un autre défi
Après la production, un autre défi majeur des éleveurs reste la maîtrise des techniques de conservation des fourrages. Abou Niangadou a trouvé une solution adaptée. Dans sa ferme à Kasséla, à environ 30 km de Bamako, il cultive principalement l’herbe d’éléphant. Avec sa broyeuse moderne, il dispose de la nourriture pour son troupeau tout le long de l’année. En effet, l’herbe broyée est conservée dans des sacs hermétiquement fermés et stocké à l’ombre dans un magasin, permettant de conserver l’état de verdure durant 6 mois ou plus.
Nous avons plusieurs avantages dans la production fourragère. D’abord, ça nous permet de réduire considérablement les dépenses. Ensuite, tant qu’il y’a de l’eau, nous avons toujours de l’herbe verte. De plus c’est plus riche que les aliments qu’on achète. Nous avons développé un système de broyage qui nous permet de conserver de l’herbe pendant toute l’année, même durant la saison sèche,
dixit M. Niangadou.
Dans le souci de booster la production laitière au Mali, particulièrement dans le cadre du partenariat Translait, 2SCALE entend renforcer les capacités des producteurs laitiers à travers la promotion de la culture fourragère par la mise à leur disposition des semences adaptées et la formation sur les bonnes pratiques.