Septembre 24, 2021

Une solution à risque partagé pour l'accès aux intrants agricoles au Mali

Cultures de base

Mali

Améliorer la disponibilité du riz blanc et étuvé pour la consommation locale, telle est l’ambition première de l’union Siguida Yeelen de Konodimini. Au Mali, le besoin national en riz se situe autour de 1 868 000 tonnes par an (Institut National de la Statistique). Le partenariat entre Siguida Yelen et 2SCALE a pour but d’améliorer le revenu et les conditions de vie des 3 126 agriculteurs, étuveuses et autres acteurs de la chaîne de valeurs par la valorisation et l’augmentation de la production du riz paddy des localités de Konodimini et de Tamani.

L’accès aux intrants, notamment aux intrants de qualité demeure un casse-tête pour les acteurs du partenariat Siguida Yelen. Selon Tahirou Dembélé, le président de l'union Siguida Yelen, les défis se situaient à trois niveaux :

Avant notre partenariat avec 2SCALE, on n’avait jamais eu l’engrais à temps. Nous avions principalement 3 problèmes majeurs. D’abord l’accès aux intrants au moment opportun. Ensuite comment avoir de l’engrais en quantité suffisante ? Et aussi avoir de l’engrais de qualité. Auparavant, dans la précipitation, on prenait tout ce qu’on nous proposait. Ainsi avec le partenariat, nous avons eu des rencontres avec tous les acteurs de la chaine de valeurs y compris les vendeurs d’intrants et les services financiers.

Faire face au problème d’accès aux intrants

Dès l’entame des activités du partenariat, il y’a un peu plus d’un an, les acteurs se sont concertés pour mettre en place un système avec les fournisseurs locaux qui puisse faciliter l’accès aux engrais, semences et pesticides pour l’ensemble des producteurs de l’union. Au dire de M. Dembélé, ces rencontres ont été déterminant dans la résolution des difficultés.

Au cours de ces réunions, les agriculteurs ont pu estimer leurs besoins en engrais auprès des fournisseurs d'intrants, en précisant la quantité, le délai de livraison ainsi que l'élaboration d'un calendrier de livraison détaillé.

Un premier test du système a été effectué au cours de l’année 2020. Contre toute attente, 95 tonnes d’engrais ont été mobilisées pour 495 producteurs pour un montant global de plus de 36 000 000 FCFA avec un crédit fournisseur de 70%.

Comment fonctionne le système ?

Le système consiste à créer un cadre de collaboration entre les producteurs et les fournisseurs d’intrants. Après la signature d’un accord entre les deux parties, les producteurs mobilisent 30 % du montant total de l’achat en espèces, et le fournisseur d’intrants donne l’équivalent des 70 % en engrais à crédit sans aucune autre forme de garantie. Après la récolte les producteurs constituent leur stock de riz paddy dans les entrepôts de l’union Siguida Yelen, qui à son tour cherche les acheteurs (opérateurs économiques) afin de rembourser les 70% restant du montant global au fournisseur d’intrants. Avec le premier test réalisé lors de la campagne agricole de septembre 2020, tous les remboursements ont été effectifs avant la fin du mois d’avril 2021. Cette collaboration, selon Mamadou Nantoumé, PDG de Guina Agricole (fournisseur d’intrants), est basée sur une relation de confiance entre les deux parties. Il explique :

Les producteurs du partenariat ont les mains rapides, car ils ont respecté leur parole donnée en remboursant tout le crédit à temps. Grâce à cette loyauté, le besoin en intrants des producteurs de l’union Siguida Yeelen pour la campagne agricole 2021/2022 a été une priorité pour Guina Agricole.

Vers un deuxième essai avec l’implication de plusieurs acteurs

Cette année au Mali, à l’instar de certains pays de la sous-région, l'approvisionnement en engrais a connu de nombreuses perturbations. Le coût de l'engrais était trop élevé. De nombreux producteurs de l’union étaient réticents à s’engager au départ, pensant que le prix finirait par baisser. Mais ce fut le contraire, puisque les prix ont continué à augmenter. Malgré les difficultés, la société Guina Agricole a pu livrer environ 32 tonnes d’engrais aux producteurs de l’union à travers le système. La particularité de cette année a été l’implication d’autres acteurs à savoir la caisse de microfinance CVECA-ON (Caisse Villageoise d’Épargne et de Crédit Autogéré de l’Office du Niger) qui a accordé 50% du montant global de 32 tonnes qui s’élève à 12 732 5000 FCFA. Le montant mobilisé par les producteurs est de 3 819 750 FCFA soit les 30% et le fournisseur d’intrants a accordé l’équivalent de 20% du montant global en engrais à crédit. Au total 240 producteurs y compris des femmes et des jeunes ont bénéficié des engrais de cette année. Le remboursement est prévu pour début 2022 après la campagne de commercialisation.

Pour les producteurs de l’union Siguida Yelen, c’est démarche s’annonce promotrice d’un accès durable aux intrants basé sur une confiance mutuelle entre les différentes parties prenantes. Au Mali, l’équipe 2SCALE envisage de répliquer ce système à risque partagé dans d’autres partenariats dans l’optique de faciliter l’accès aux services de premières nécessités à tous les acteurs.

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