Le bio, ce n’est pas du luxe
Démystifier l’accès aux produits biologiques, tel est un défi majeur pour BioProtect au Burkina Faso. Selon le fondateur M. Sawadogo, l’entreprise entend faire en sorte que le bio soit un produit de consommation courante. Pour ce faire il convient d’abord de changer les mentalités, car pour beaucoup de gens les produits bio sont chers et inaccessibles. Pour argumenter cette opinion, il raconte le cas précis d’une cliente qui s’est déroulé il y a peu de temps dans un de ses points de vente.
Dans le cadre du partenariat avec 2SCALE, l’ambition de BioProtect est de pouvoir commercialiser 5000 tonnes de produits d’ici 2023, soit 10 fois le volume commercialisé actuellement par l’entreprise. Il s’agit aussi de toucher 10 000 petits producteurs en les engageant dans une dynamique de production écologique, voire biologique, afin d’amener 15 000 consommateurs, notamment ceux dont les revenus sont faibles, à avoir accès aux produits écologiques et biologiques. Pour atteindre ce volume, il faut d’une part optimiser la production, c’est-à-dire accroître les rendements, d’autre part, il faut accroitre le nombre de petits producteurs.
Convaincre les producteurs à changer leur méthode de production
De nos jours, les agriculteurs sont conscients de la dégration des sols ainsi que la perte de biodiversités. Ils sont aussi conscients que les produits cultivés avec certaines pesticides et herbicides sont néfastes pour la santé. Mais ils font face à une contrainte - le marché, car au lieu de s’intéresser à la qualité intrinsèque des produits, les consommateurs regardent plutôt le prix. C’est pourquoi Bioprotect demeure persuadé que seul le marché qui peut être le levier pour amener les producteurs vers des moyens de production beaucoup plus durables. Grâce à son autre volet d’intervention qui est la formulation des intrants organiques, notamment les bio pesticides et les fertilisants, dans sa collaboration avec les producteurs, l’entreprise leur faciliter l’accès aux intrants à des prix réduits en début de la campagne agricole, et leur permettre de payer les soldes après la récolte. À cela s’ajoutent l’accompagnement technique et l’appui à la commercialisation.
Que de défis à relever !
De nombreux défis freinent le développement de ce secteur novateur agricole. Outre la perception de la population vis-à-vis de l’agro écologie, la subvention, la main-d’œuvre ainsi que l’accès au marché constituent également des difficultés à affronter. Comment peut-on arriver à pénétrer le marché avec des produits écologiques et biologiques si déjà dans la pensée collective, on considère que ces produits sont chers ? Pendant que l’agriculture conventionnelle est fortement subventionnée, ceux qui s’engagent dans l’agriculture écologique sont obligés de compter sur leurs propres ressources. Sans mécanisation appropriée et sans main-d’œuvre, il est difficile de lutter contre les mauvaises herbes sans faire recours aux herbicides. Cependant, la force de la main-d’œuvre que constituent les jeunes se fait de plus en plus rare dans le milieu agricole.
Au regard de tous ces défis, BioProtect nourrit de grandes ambitions. Ces ambitions, d’après M. Sawadogo, sont des rêves qui motivent l’entreprise à aller de l’avant malgré les difficultés.